Communauté
Humagora
[Appel à communications] La Bibliothèque bleue : réemploi et révision textuels
Date limite d'envoi : 1er décembre 2023
Le colloque “La Bibliothèque bleue : réemploi et révision textuels”, organisé dans le cadre du projet “Bilage” de l'Axe 1 à Grenoble les 21 et 22 mars 2024, se propose d'étudier les modalités et les enjeux des choix effectués par les éditeurs de la Bibliothèque bleue.
La Bibliothèque bleue est une collection de livres à succès qui a abondamment alimenté le marché français de l’édition entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle. Elle doit son nom à l’habitude des imprimeurs de ses débuts de protéger les feuillets fragiles et mal reliés des exemplaires par du papier bleu-gris. Ces ouvrages à l’aspect rudimentaire, accessibles à toutes les bourses et transportables par des colporteurs, ont été produits dans des régions alphabétisées, dans un premier temps la Champagne et la Normandie. Environ cinquante villes ont été impliquées au total, dont dix principales : Troyes, Rouen, Caen, Limoges, Avignon, Toulouse, Orléans, Tours, Lille, Épinal et Montbéliard. Les titres concernés sont au nombre d’environ quatre-cents ; les cent premiers constituent le noyau dur du répertoire. On peut en consulter des exemplaires dans des bibliothèques du monde entier, dont les principales sont, pour la France, la Médiathèque du Grand Troyes (catalogue en ligne avec nombreuses éditions numérisées), la Bibliothèque du Mucem (catalogue prochainement mis en ligne) et la Bnf, malgré une grande déperdition dans le temps.
Partant du constat d’une cohérence d’ensemble des choix faits pour sélectionner et réviser les œuvres, qui sont d’ailleurs à l’origine de l’existence même d’une collection, nous émettons l’hypothèse qu’un véritable travail d’édition est effectué dans les ateliers des imprimeurs. Contre l’idée d’une inertie de ces derniers, nous souhaitons voir comment se manifeste au plan textuel une volonté de faire des livres que l’on qualifie à raison aujourd’hui « de grande diffusion », plutôt que de « populaires », car les lecteurs n’appartiennent pas nécessairement au peuple. Nous souhaitons centrer l’enquête sur les débuts de la collection (1640-1700), sans exclure les ouvertures au-delà de cette période. Les travaux pourront porter sur un titre en particulier ou un ensemble de titres relatif à un genre, sur les stratégies éditoriales d’un imprimeur en particulier ou d’une dynastie d’imprimeurs ou sur d’autres aspects de la constitution et du développement de la collection. Ils gagneront à adopter une démarche philologique, de façon à fonder de manière solide les analyses du devenir des titres à l’entrée dans la collection (1640-1700) et, si nécessaire, dans les décennies suivantes. Nous invitons à procéder à la comparaison des états textuels avec l’amont (les texte-sources du XVIe siècle et des siècles précédents) et éventuellement avec l’aval (les éditions du XVIIIe siècle).
Toutes les pistes qui permettent de cerner les modalités et les enjeux des choix effectués par les éditeurs de la Bibliothèque bleue sont bonnes à suivre. Plusieurs semblent particulièrement prometteuses :
- le travail de sélection : une fois identifiée l’œuvre à l’origine de tel ou tel titre, il faut déterminer la ou les éditions qu’a pu consulter tel ou tel éditeur ; il s’agit aussi de voir la position de celles-ci dans la tradition textuelle ;
- le travail de révision : il serait bon de repérer les remaniements effectués et d’en identifier la nature, matérielle ou textuelle ; au plan matériel, cela implique d’examiner la mise en page et le péritexte, notamment les illustrations ; au plan textuel, cela amène à voir le découpage en sections, les ajouts ou les suppressions de passages et les choix linguistiques ; il faudrait alors voir comment ces interventions changent la lecture du texte, qu’elles la facilitent ou l’orientent idéologiquement ;
- l’évolution du texte ou des textes au sein de la collection : il semble intéressant de comparer les versions d’un même titre entre les différents centres de production et d’un imprimeur à l’autre au sein d’un même centre de production ; cela permettrait de mettre au jour la filiation des éditions bleues et de voir s’il y a ou non une permanence du texte une fois le titre entré dans la collection.
Modalités
Les propositions de communication, qui prendront la forme d’un résumé de 5 à 10 lignes assorti d’un titre, sont à envoyer pour le 1er décembre 2023 au plus tard à Pascale Mounier.