Un Atlas pour mieux connaître les espaces touristiques de montagne

Publié par Hugues François, le 26 août 2013   4.9k

Hugues François, docteur en économie au Centre Irstea de Grenoble, nous présente l’Atlas des stations du massif des Alpes et la méthode qui a permis de le construire.

Au cœur de l’économie des territoires de montagne, les stations de sports d’hiver doivent relever de nombreux défis. Changement climatique, renouvellement des équipements et maturité du marché sont autant d’impératifs d’une adaptation permanente. Pour mieux cerner ces enjeux et y répondre, un système d’information s’imposait : Irstea dispose aujourd’hui d’une base de données dédiée, la BD Stations réalisée sous la coordination scientifique d'E. George-Marcelpoil avec la collaboration de G. Fablet, notamment pour les questions foncière et immobilière, F. Bray, responsable du pôle SI, C. Achin, A. Torre et J.-B. Barré.

Atlas des stations du massif des Alpes

Un besoin de pilotage

Dès l’origine, les pouvoirs publics ont été impliqués dans l’implantation de stations touristiques en montagne. Après la construction, puis l’expansion, nous sommes désormais entrés dans une phase de gestion d’un héritage parfois problématique. D’un côté, les stations contribuent de manière décisive à la vie économique locale, de l’autre, leur viabilité peut reposer en grande partie sur les collectivités territoriales qui en assument la gestion. Afin de disposer d’éléments concrets pour saisir la diversité des stations mais surtout pour orienter les choix des politiques publiques, le Comité de massif des Alpes a souhaité mobiliser l’expertise d’Irstea afin de construire un outil d’information homogène et systématique sur l’ensemble des stations du massif.

La gouvernance, un élément clef pour organiser l’information

Traduisant l’héritage de l’implication des pouvoirs publics dans les stations, la gestion des remontées mécaniques constitue un service public placé sous l’autorité des communes, de leur groupement ou du département. Ces collectivités peuvent toutefois en déléguer la gestion à des exploitants privés. Il convient donc de distinguer différents objets pour saisir les stations dans toute leur complexité :

  • La commune support, unité de base sur le territoire de laquelle les remontées mécaniques sont implantées physiquement, induisant le statut d’autorité organisatrice du service public
  • L’unité de gouvernance qui assure la gestion administrative en tant que telle : une commune peut accueillir une ou plusieurs unités, selon qu’elle soit support d’une ou plusieurs stations où plusieurs autorités organisatrices cohabitent sur son territoire. A contrario, une unité de gouvernance peut également être constituée de différentes communes dans le cas d’un Établissement public de coopération intercommunale (EPCI)
  • Le domaine skiable fondamental quant à lui constitue la station vue du point de vue de l’exploitant de remontées mécaniques à la base de l’unité commerciale de l’offre de ski.

Objets de la BD Stations

La BD Station, une « métabase » spatialisée

L’approche des stations en fonction de ces différents objets permet d’intégrer des données de différents producteurs en fonction du regard que chacun porte sur la station. En effet, avant la BD Stations, aucune organisation de l’information ne permettait de croiser, des données communales (par exemple celles de l’INSEE), l’organisation administrative des stations, des données commerciales, techniques des remontées mécaniques ou les informations sur les dynamiques immobilières. Pour y parvenir, la BD Stations s’appuie sur un travail original de structuration des données et de construction d’objets géographiques spécifiques. En effet, si les contours de communes sont connus et ceux des EPCI issus de leur agrégation, les contours des stations sont eux plus difficiles à cerner. La BD Stations nous a ainsi permis de créer les objets suivants :

  • Les contours des domaines skiables en vertu du principe que la descente depuis le haut des pistes doit permettre de rejoindre le bas des remontées mécaniques (enveloppes de remontées mécaniques, par une méthode de construction de tampons successifs autour des linéaires de la BD Topo – IGN – et domaines « gravitaires », en nous appuyant sur un modèle numérique de terrain)
  • Les contours de stations représentent quant à eux l’unité de lieu entre l’urbanisation et les loisirs : depuis les immeubles en front de neige, nous sélectionnons les bâtiments qui présentent une continuité urbaine par itérations successives.

Analyse de la répartition départementale du moment de puissance en anamorphose (1)

Diffusion des informations de la BD Stations

Mobilisant la BD Stations, l’Atlas des stations du massif des Alpes, édité en novembre 2012 illustre la diversité des stations alpines, au travers de différentes thématiques. Cet atlas ne constitue pourtant qu’une première étape et les dynamiques de recherche en cours vont permettre d’élargir la base de données et produire de nouvelles analyses sur le devenir des stations.

>> Note :

  1. En cartographie, une anamorphose ou cartogramme permet de déformer la réalité géographique afin de privilégier la représentation du phénomène statistique observé

>> Illustrations : Cyril Bosselut (Flickr, licence cc), Irstea