Bruno Vallois, paléontologue de passion

Publié par Muséum De Grenoble, le 14 février 2019   4.6k

Nous avons interviewé Bruno Vallois, paléontologue passionné par les fossiles, bénévole actuellement au Muséum de Grenoble.

Une passion : Dès l’enfance avec son papa qui était mineur dans les mines du Nord, Bruno Vallois s’est pris de passion pour les fossiles.

Son but : Mettre en valeur le patrimoine géologique local à travers des publications, l’enrichissement de collections et la sensibilisation du grand public grâce à des conférences, des cours à l’UIAD (université inter-âges du Dauphiné), des expositions, des articles dans la revue « Fossile », …

Exemple d'une publication, de Bruno Vallois
Exemple d'une publication, de Bruno Vallois

Sa spécialité : Les plantes fossiles du carbonifère principalement c’est-à-dire la paléobotanique.

 Schéma pris sur http://www.intellego.fr/soutie...

Les terrains du carbonifère étaient productifs en charbon . Ainsi, en France et dans les Alpes, de nombreux bassins houillers existent et ont été exploités par l’homme dès le Moyen âge (avec un fort développement à la fin du 18ème siècle). Ils sont composés principalement de grès (matériaux grossiers) et de schistes (grains fins). C’est dans ces matériaux que se trouvent les fossiles que découvre M. Vallois.

Le travail de terrain : "Cela commence d'abord par des recherches bibliographiques et l'étude des cartes IGN et cartes géologiques. Puis, il faut se rendre sur les lieux sélectionnés afin d’effectuer des fouilles, collectes, échantillonnages et récoltes de spécimens (un spécimen = une feuille fossilisée, un morceau de branche ou de tronc fossilisé, une graine fossilisée, …). Une fois rentré à la maison, tout le travail est d’identifier le genre et l’espèce de ces spécimens".

Petite information : la plus petite pierre qu’il a collectée, mesurait environ 5 cm de côté et la plus grosse était la base d’un tronc d’arbre fossilisé en « 3D » (en position de vie, droite et non compressée) d’environ 80 kg !

Ces trouvailles servent à améliorer la connaissance sur notre patrimoine géologique alpin à une époque (le carbonifère) où il existe peu de données sur la paléobotanique et ainsi répondre à la question « Comment était la flore sur Terre à ce moment-là ? ».

Aujourd’hui, Bruno Vallois s’intéresse, avec trois autres passionnés, à un terrain sur la commune de  Vaulnaveys (près de Vizille en Isère) où ils découvrent de nombreux spécimens très peu étudiés et documentés avec des espèces inconnues. 21 plantes ont été décrites en 1908 et ils retravaillent le sujet avec actuellement 47 plantes découvertes dont certaines assez communes des bassins houillers mais aussi, une partie de plantes rares et dignes d’intérêts.

Vidéo sur ce site fossilifère à Vaulnaveys par Alexis Rastier

Petite information : pour étudier ces terrains et fossiles présents, ils demandent toujours l’autorisation du propriétaire (ici, en l’occurrence, c’est la commune), ils n’effectuent pas de gros travaux (ils récoltent sur les tas de pierres déjà à l’air libre) et suivent un protocole qu’ils ont établi : pas de vente de ces spécimens et toutes les pièces significatives sont répertoriées et inventoriées puis données au Muséum de Grenoble. 

Holotype : Il y a quelques années, une de ses découvertes a été publiée en tant qu’Holotype, c’est-à-dire l'élément de référence attaché à un nom scientifique à partir duquel une espèce a été décrite. Il désigne le matériel original (un ou plusieurs spécimens exemplaires) ayant servi à cette identification scientifique. (Source Wikipédia)

En d’autres termes par exemple, la première personne qui a découvert l’espèce "Écureuil roux", elle l'a décrite avec des caractéristiques propres à l’écureuil roux et lui a donné un nom de genre et un nom d’espèce : Sciurus vulgaris, c’est l’holotype, le premier. Et par la suite, les animaux qui ressemblaient à l’écureuil roux et qui répondaient aux mêmes critères avec les mêmes caractéristiques étaient ainsi nommés Sciurus vulgaris.

En savoir plus sur les noms d’espèces.

Dans notre cas, M. Vallois a découvert une espèce qui n’avait jamais été décrite et qui sert maintenant de référence pour tous ses autres semblables : Valloisella lievinensis. Cet holotype lui a été dédié en 1992.

Photo et schéma de Valloisella lievinensis, de Bruno Vallois
Photo et schéma de Valloisella lievinensis, de Bruno Vallois

« Valloisella » est le genre et signifie « le petit de Vallois » et « lievinensis » est l’espèce et indique «vient de Lievin » (commune française située dans le département du Pas-de-Calais). Il s’agit d’un fossile de Limule, un petit animal marin (arthropode marin) qui mesure 19 mm.

Un moulage de ce fossile se trouve dans les réserves au Muséum et l’original se trouve au Muséum de Lille.

En savoir plus sur cet holotype :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Valloisella_lievinensis.JPG

https://www.geoforum.fr/topic/8003-limule-fossile-westphalien-c/

Don et bénévole au Muséum :

La collection qu’il a donnée en 2011 au Muséum est composée de plus de 2200 spécimens qui viennent du Nord, de la Mure et d’un peu partout où il y avait des mines et du charbon.

Depuis quelques mois, il est bénévole au Muséum pour inventorier toutes ces pièces, c’est-à-dire les numéroter, les mesurer, les prendre en photo, les décrire, noter l’endroit où elles ont été récoltées et essayer de les identifier en s’aidant notamment de la classification Linnéenne pour pouvoir les nommer. 

Travail d'inventaire de M. Bruno Vallois au Muséum de Grenoble
Travail d'inventaire de M. Bruno Vallois au Muséum de Grenoble

Ces informations serviront de base accessibles aux scientifiques qui étudient aussi ces espèces et qui souhaiteraient développer les recherches toujours dans le but d’améliorer nos connaissances sur ces richesses paléobotaniques.

Voir l’interview de 5 min de M. Bruno Vallois réalisée en 2015.

Voir la bibliographie de Bruno Vallois