Le vrai du faux sur les vaccins
Publié par Marie Christou-Kent, le 23 avril 2018 3.7k
Le 9 mai, au Café Science du 9 mai, le thème de la vaccination et des mythes et vérités a été abordé. C’est un sujet en plein dans l’actualité, notamment depuis l'annonce dernièrement du gouvernement français de rendre obligatoire onze vaccins en 2018. C’est aussi un sujet au cœur d’une grande controverse, et la France est à la première place mondiale en termes de méfiance envers les vaccins.
Il est estimé par l’OMS que 2 à 3 millions de décès sont évités chaque année grâce à la vaccination contre les maladies telles que la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole. Pour la majorité des experts dans le monde, les bienfaits de la vaccination dépasseraient largement les risques, et c’est également la position soutenue par nos trois intervenants : un médecin infectiologue, un médecin généraliste et un responsable de pharmacovigilance.
Pourtant, il existe aujourd’hui un grand mouvement d’opposition à la vaccination et l’on estime qu’en France 41% de la population s’en méfie. Cette méfiance a conduit à une baisse du taux de personnes vaccinées, ce qui a pour conséquence la réapparition de maladies auparavant considérées comme éradiquées. Comme en atteste le médecin généraliste en nous rapportant des cas récents de rougeole, de coqueluche et de rubéole parmi ses patients.
Ce phénomène de doute a été provoqué à la base par des études associant faussement certains vaccins avec l’autisme ou la sclérose en plaques. Depuis lors, suite à une série d’histoires d’effets indésirables rapportés dans les médias et à un manque de confiance croissant à l’encontre de l’industrie pharmaceutique et des institutions de santé, le mouvement contre les vaccins a gagné en ampleur. Aujourd’hui, sur Internet, on retrouve plus facilement de « l’information » condamnant les vaccins que des sources qui les défendent, ce qui explique que beaucoup de personnes se posent des questions sur les vaccins.
L’un des principaux arguments contre les vaccins a été exposé lors des questions posées au cours du café sciences et concerne l’usage d’aluminium comme adjuvant dans les vaccins. Le responsable de pharmacovigilance nous a expliqué que s’il est vrai qu’à forte dose l’aluminium est toxique, la quantité contenue dans les vaccins est infime, et donc inoffensive. Il nous a rappelé que l’aluminium est partout, même dans l’eau que l’on boit, et que sa présence dans les vaccins assure une meilleure réponse immunitaire aux vaccins, ce qui les rend plus efficace. Enfin, il nous a rassuré sur le fait que la fabrication des vaccins est un processus fortement contrôlé, par le fabricant ainsi que par un laboratoire officiel indépendant.
Il nous a été souligné par le médecin infectiologue que la vaccination est un acte préventif, qui engendre beaucoup moins de risques qu’un traitement curatif. C’est aussi un acte collectif, pour le bien de la communauté, et le meilleur moyen de protéger les plus vulnérables – y compris les nouveau-nés, les personnes âgées et les personnes immunodéficientes – qui compte sur un bon taux de vaccination dans la population pour empêcher les épidémies. Il est donc indispensable de reconstruire la confiance du public dans les vaccins, de faire le nécessaire pour convaincre de l’importance des vaccins, sans dogmatisme et en comprenant la nécessité d’entendre les doutes exprimés.
Marie Christou-Kent, Doctorante en biologie, Université Grenoble Alpes
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