Pour de nouvelles formes d’actions collectives
Publié par Jean Claude Serres, le 16 février 2016 4k
- Photo : Velella vellela - colonie de polypes spécialisés -
Le titre de l’article est difficile à formuler. Quand je
pense à action je pense à engagement, à stratégie, à responsabilité,
à résistances.
Je voudrais aussi relativiser une autre expression qui fait florès et qui enfume l’imaginaire des personnes, en particulier de celles qui se pensent de « gauche ». C’est « l’intelligence collective ». C’est à la fois un truisme et une forme de pléonasme. Il n’existe pas d’intelligence non collective. Quelques soit les formes d’intelligences dont dispose l’espèce humaine et chaque individu, depuis les formes innées de l’intelligence (capacité de langage, d’orientation spatiale, de prise de décision, d’apprentissage, d’identification et de mimétisme) jusqu’aux formes d’intelligences acquises par les multiples interactions humaines dont l’éducation et l’enseignement, tout cela résulte de l’évolution de l’espèce humaine des sociétés et de chaque individu. La plus grande absurdité consiste à attacher la notion de propriété intellectuelle, d’invention ou de brevet à une personne ou à une équipe. Qu’il y ait une reconnaissance et une rétribution pour le travail fourni est une chose qui se conçoit bien, qu’il y ait une notion de propriété est une forme de vol et de préjudice aux communautés humaines qui ont permis l’émergence de cette invention.
Je voudrai distinguer deux formes d’actions collectives (entendre aussi stratégie, engagement, responsabilité et résistances) : les actions collectives du XX siècle et les actions collectives du XXI siècle.
Formes d’actions collectives anciennes et actuelles
Les actions collectives du XX siècle se sont construites sur la mutualisation
des intelligences de chaque personne par les lois associatives (addition et soustraction) additions des « mêmes » : associations, partis,syndicats etc…et par soustraction des contraires, des différences, de ce qui est étranger. Cela a conduit à l’affrontement partisan et à la sclérose de la démarche démocratique. L’un s’oppose à l’autre, les exemples ne manquent pas :
- Education populaire collective contre le développement personnel égocentré
- Le collectif contre l’individuel
- La démocratie contre le dirigisme
- Le spectacle vivant contre le cinéma
- La liberté contre l’état d’urgence
- La solidarité contre le libéralisme
- Les oppositions contre la majorité qu’elle soit municipale ou nationale
- Education Frenet contre Montessori
- Actions « bénévoles » contre les actions professionnelles
- Educations alternatives contre éducation nationale
- La laïcité contre la religion ou le religieux
- Les sciences contre les systèmes de croyances religieux ou autres
- La philosophie contre la religion
- Etc.
Comme le dit Edgar Morin dans son dernier article en février dans journal Le Monde, ce qui dynamise les fanatismes et les idéologies c’est la conjonction du réductionnisme, du manichéisme et de la réification des idées et des systèmes de pensée.
Nouvelles formes d’actions collectives
Les
actions collectives du XXI siècle devront sortir de ces logiques
d’opposition et de désaccord pour accorder les divergences les faire fructifier
l’une par l’autre. Les actions collectives du XXI siècle devront se construire
par une mutualisation multiplicative des compétences de chaque personne. Les
lois multiplicatives ou encore transformatives consistent à faire l’un et son
contraire. L’action collective devient le produit des actions individuelles
pour une communauté donnée. Si une seule action individuelle se tarie, l’action
collective se tarie globalement. Faire face aux multiples mutations sociétales
en cours impose de mutualiser toutes les ressources humaines de façon
multiplicative et transformatives
- Education populaire collective par le développement personnel égocentré et vice versa
- Le collectif par l’individuel et vice versa
- La démocratie par le dirigisme et vice versa
- Le spectacle vivant par le cinéma et vice versa
- La liberté par l’état d’urgence et vice versa
- La solidarité par le libéralisme et vice versa
- Les oppositions par la majorité qu’elle soit municipale ou nationale et vice versa
- Education Frenet par Montessori et vice versa
- Actions « bénévoles » par les actions professionnelles et vice versa
- Educations alternatives par l’éducation nationale et vice versa
- La laïcité par la religion ou le religieux et vice versa
- Les sciences par les systèmes de croyances religieux ou autres et vice versa
- La philosophie par la religion et vice versa
- Etc.
Cette
révolution ou passage du « contre » (soustractif = logique de la
force, du pouvoir, de la lutte contre) au
« par » (multiplicatif = logique de la prise en compte des
différences de la transformation de l’un par l’autre, des interactions éco
systémiques) ne peut s’effectuer en un jour par une simple prise de conscience.
C’est un combat collectif et individuel, tout en s’appuyant sur les ressources
du passé, doit traverser le deuil de nos logiques et aspirations passés pour
élaborer une mémoire du futur dynamisant le développement de compétences
nouvelles et d’énergies adéquates aux mutations sociétales encours.
Résister et imprimer collectivement notre désir de mieux vivre ensemble nous impose d’abandonner nos vielles lunes, de nous remettre individuellement en question dans nos compétences comme dans nos valeurs et nos aspirations.
La
maison des initiatives citoyennes ou encore la maison de l’éducation
citoyenne que j’appelle de mes vœux porte cette dynamique multiplicative.
J’en voie plusieurs déclinaisons :
- La mise en œuvre d’un réseau numérique de partage et d’élaborations de nouvelles ressources, compétences et boite à outils : une sorte de RERS Numérique ou MOOC citoyen : exemple prototype = simplexitude.wordpress.com
- La mise en œuvre d’un Réseau pépinière de futurs RERS et surtout de RECNP
- La mise en œuvre de RECNP thématiques ou de territoires (quartiers secteurs entreprises organismes publics collectivités territoriales avec un travail d’écriture de témoignage : exemple prototype = managitude.wordpress.com
- L’animation d’ateliers de paroles où l’apport est essentiellement un questionnement pertinent et une aide logistique. A Chaque participant de construire ses miels individuel et collectif, indissociables.
Les RECNP sont des Réseaux d’Elaboration Collectives de Nouvelles Pratiques (et compétences), qu’elles soient professionnelles, parentales, éducatives, citoyennes, politiques, culturelles, ludiques etc…