L’Académie nationale de Pharmacie séduite par le "modèle d'intégration grenoblois"
Publié par Aleksandra Bogdanovic-Guillon, le 18 juin 2012 4.1k
Retour sur la séance délocalisée de l'Académie nationale de Pharmacie qui s’est tenue à Grenoble en mars dernier à l’UFR de Pharmacie de l’UJF.
Les 21 et 22 mars 2012, l'UFR de Pharmacie de Grenoble a accueilli la séance délocalisée de l'Académie nationale de Pharmacie. Ce « tour de France » de l'Académie nationale de Pharmacie vise chaque année à découvrir les spécificités des différentes facultés de Pharmacie. A Grenoble, les présentations, la visite des installations et la participation des représentants politiques ont séduit les visiteurs.
« C'est depuis 1998 que l'Académie visite chaque année une Faculté de Pharmacie. Notre objectif est double : connaître le contexte loco-régional et nous faire connaître de nos collègues », a expliqué le Président de l'Académie, le professeur Jean-Paul Chiron.
Le Doyen de la Faculté de Pharmacie, le professeur Christophe Ribuot, détaille le programme prévu : « L'Académie ne nous est pas étrangère, car nous y avons trois représentants. Nous avons souhaité montrer comment nous travaillons, à la fois en recherche et en enseignement. » ; et d’ajouter : « Nous sommes heureux que la délégation ait aussi pu compter le Président honoraire et le Vice-président qui assurera la prochaine présidence. »
Un riche programme articulé entre recherche et enseignement
Les présentations du premier jour ont démarré autour de la recherche menée par l'UFR de Pharmacie. Trois laboratoires regroupant la majorité du personnel de l'UFR - DPM (Département de Pharmacochimie Moléculaire), Laboratoire TIMC-IMAG (Techniques de l'ingénierie Médicale et de la Complexité) et le Laboratoire HP2 (Hypoxie Physiopathologie Cardiovasculaire et Respiratoire) - ont montré aux invités leurs principaux sujets d'étude.
Des thèmes très variés ont été ainsi abordés : synthèse à façon des protéines, même membranaires, essais de vaccination anti-tumorale, par exemple contre le glioblastome, développement des techniques pour évaluer et modéliser des actions en santé, étude des apnées obstructives du sommeil, véritable problème de santé publique du fait de leur lien avec des maladies graves.
La session dédiée aux innovations grenobloises en matière de pédagogie est revenue sur les relations internationales mises en place pour permettre d'étudier à l'étranger, le nouveau Master International Erasmus Mundus « Biohealth Computing », le rôle fondamental que l'UFR a joué dans la création de la Faculté de Pharmacie à Madagascar. Enfin, il a été également question du fonctionnement original et complexe de la PACES, cette première année universitaire commune à diverses disciplines de santé. Cette séquence a bénéficié de la présence du professeur Jacques Gasqui, Vice-président Formation de l'UJF au sein de l'équipe qui a accompagné cette restructuration.
Une vision plus large livrée par des politiques
La visite de l'Académie a fortement mobilisé la classe politique locale. Outre la venue de Patrick Voir, le représentant du Député Maire de Grenoble Michel Destot, les académiciens ont apprécié l'allocution d'ouverture de Geneviève Fioraso. La députée iséroise [ndlr : devenue entre temps Ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur] a rappelé à l'assemblée l'histoire récente du développement scientifique et industriel régional, à l'origine de la meilleure visibilité de la région grenobloise, y compris dans le domaine de la santé. Elle a évoqué le « triptyque grenoblois » - université, industrie, collectivités - qui a contribué à donner à Grenoble sa « marque de fabrique» : l'esprit innovant.
En tant que membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), et auteur du Rapport parlementaire sur la biologie de synthèse [ndlr : lire notre article à ce sujet], elle a livré à l'assistance sa conviction sur ce sujet qui n’est pas étranger à la pharmacie : « Ce secteur est incontournable pour répondre aux enjeux futurs de la santé, de l'accès aux ressources énergétiques et de la décontamination (biorémédiation). Il faut trouver la manière pour y intégrer aussi bien les exigences de la recherche fondamentale, se projetant nécessairement sur le long terme, que ceux des développements industriels qui doivent pouvoir être rapides, sans oublier les enjeux éthiques et le modèle économique qui doit protéger les inventions et les emplois générés tout en permettant aux chercheurs d'avoir accès, sans brevet bloquant, aux données du vivant utiles à leurs recherches. »
Grenoble : un modèle d'intégration
De ces 48 heures particulièrement intenses, le Président Chiron retient : « Le modèle d'intégration grenoblois est très intéressant. Il implique beaucoup d'acteurs : pharmaciens, certes, mais aussi d'autres disciplines scientifiques, médicales, voire technologiques. Cela vient probablement de la composition en disciplines de l'Université Joseph Fourier. De plus, il y a une véritable osmose avec les structures territoriales. C'est unique. Aucune des 12 facultés visitées jusqu'à présent n’avait ce mode de fonctionnement. »
>> Illustrations : UJF et BASF - The Chemical Company (Flickr, licence cc)
>> Source : article initialement publié sur le site de l'UJF le 22 mars 2012