Ebullition au Musée de la Chimie !

Publié par Caroline Guérin, le 2 avril 2012   4.3k

Né de l’activité industrielle implantée sur le territoire depuis près de cent ans, créé pour conserver et valoriser ce patrimoine, le Musée de la Chimie est aujourd’hui le témoin de l’évolution technologique et sociologique des sites chimiques.

Nous sommes en septembre 1987 : le premier musée dédié à la chimie du chlore est créé aux portes de Grenoble. Il doit sa toute jeune collection à l’association « Pour la Connaissance de l’Histoire de la Chimie du Chlore et de ses Dérivés » fondée trois ans auparavant pour acquérir de nombreux objets issus des usines chimiques locales alors que l’activité industrielle traverse des turbulences économiques.

Aménagement du musée de la chimie par l’association, alors présidée par Mme Hauss (2000)

En 2000, l’espace d’exposition de 300 m² situé dans les caves voûtées d’une ancienne demeure, au cœur du parc du Clos Jouvin, inaugure une nouvelle scénographie au terme d’un périlleux aménagement. Le nouveau visage du Musée de la chimie lui permet alors de s’inscrire dans le paysage muséal local, avant d’être municipalisé sept ans plus tard afin de garantir la pérennisation de son fonctionnement et de ses collections. Aujourd’hui, le musée doit repenser son scénario afin d’actualiser ses données et d’appréhender ses nouveaux publics.

Inauguration de la nouvelle scénographie du musée en 2000

Une industrie riche et en perpétuelle mutation

Notre musée retrace l’histoire, les techniques et les applications de la chimie du chlore, depuis 1916. Dès les débuts de cette industrie, le sel de Hauterives (Drôme) est transformé en chlore, soude et hydrogène. Les usines du Sud de Grenoble ont traversé les guerres, mis au point de nouveaux produits, connu des périodes fastes comme les Trente Glorieuses ou des périodes houleuses suite aux chocs pétroliers. Actuellement, de nombreuses applications domestiques et industrielles sont issues de la chlorochimie : assainissement de l’eau, fabrication de plastiques, agrochimie, bâtiments, automobile, produits d’hygiène, fabrication de zirconium utilisé dans les centrales nucléaires...

Après de nombreuses reconversions, ces usines doivent maintenir un équilibre entre innovation et respect de l’environnement. Impactées par de nouvelles législations comme le Plan de Prévention des Risques Technologiques, celles-ci doivent une nouvelle fois faire évoluer leur mode de fabrication.

Démantèlement des cellules à cathode de mercure en vue de l'installation d'une unité de fabrication de chlore par électrolyse à membrane pour la fin 2013 - début 2014 (Arkema, Jarrie)

Le musée doit prendre en compte et restituer ces données tant sur le plan des procédés de fabrication, que sur la sécurité, l’environnement ou les nouveaux produits. Ainsi, de nouveaux axes de développement doivent s’intégrer dans le parcours, certains espaces doivent être rafraîchis, d’autres disparaître, pour gagner en lisibilité.

La chimie au cœur de la société

Dès 2008, l’établissement favorise la place de « l’enfant au cœur du musée ». C’est ainsi que les visites organisées nommées « un samedi en famille » ont apporté une réponse originale en offrant un atelier scientifique aux enfants et une visite guidée pour les adultes. Telle a été la première démarche entreprise pour répondre aux attentes du public familial. Le projet actuel du musée s’inspire de cette volonté de médiation.

Les "samedis en famille", des animations qui répondent aux attentes des nouveaux publics du musée

Une offre diversifiée rythmera le parcours muséographique en introduisant des outils vidéo, des reconstitutions ou des espaces dédiés aux manipulations scientifiques. Le laboratoire reconstitué du musée, où les animateurs et bénévoles expérimentent avec le public, va évoluer en espace d’exposition et de médiation. Quelques travaux permettront d’apporter le confort et la sécurité nécessaires au public et aux collections dans le cadre des ateliers scientifiques.

Etudier les collections pour les rendre accessible à tous

La refonte scénographique du musée est également une excellente opportunité d’aborder les facteurs économiques et sociologiques qui se rattachent à la question du patrimoine industriel. Pour s’acquitter de toutes ses missions, le musée souhaite réduire la distance qui existe encore entre le public et les sciences et techniques, en pensant à de nouvelles formes de présentation et d’actualisation. Work in progress !

>> Pour aller plus loin : Voir la plaquette du Musée de la Chimie
>> Illustrations : Arkema, F. Giroud, A²MC², Arkema, Musée de la Chimie