Du neuf pour l’Ecole de la deuxième chance
Publié par Catherine Demarcq, le 25 février 2013 5.2k
L’Ecole de la deuxième chance Isère s’est installée dans ses tous nouveaux locaux mis à disposition par la Métro au 8 rue Aimé Pupin à Grenoble. Nous étions à l’inauguration, le lundi 18 février dernier.
En novembre dernier, nous avions eu la chance de visiter les locaux flambants neufs de l’Ecole de la deuxième chance Isère (E2C) en avant-première (voir la vidéo des jeunes visitant le chantier). Lundi 18 février, nous étions de retour avec l’inauguration de ces mêmes locaux, en présence de Michel Destot, maire de Grenoble, Morad Bachir-Chérif, président de l’E2C et Édith Cresson, présidente de la Fondation pour les Ecoles de la Deuxième chance.
Lors de ces deux occasions, responsables et jeunes ont accueilli les partenaires de l’E2C. Nous les avons rencontrés, notamment Madjid Boubaaya, directeur adjoint, en charge des relations extérieures et des projets d’école, qui a répondu à nos questions.
En quoi consiste l’Ecole de la deuxième chance et quelles sont ses missions ?
L’école s’adresse aux jeunes de 18 à 25 ans sans qualification et sans emploi depuis au moins un an avec comme objectif de les amener à une intégration professionnelle et sociale durable. En fait, on leur met le pied à l’étrier. L’Ecole répond à la demande publique d’apporter une réponse à ce qu’on appelle les décrocheurs. Le jeune est accompagné le long de son parcours d’insertion professionnelle ou de reprise d’étude. Il faut considérer l’école comme un outil d’insertion qui prend en charge la personne de façon globale et durable. On continue à les suivre après leur départ de l’école.
Combien de jeunes accueillez-vous ?
L’E2C Isère accueille au total sur toute l’année environ 250 jeunes répartis entre nos sites de Voiron, Vienne et Grenoble. Pour une meilleure cohérence et un échange des pratiques, les équipes pédagogiques travaillent en réseau avec des outils partagés via une plateforme développée par l’Ecole de Marseille.
Comment se déroule le recrutement ?
Les jeunes sont orientés vers nous par les partenaires de l’agglomération grenobloise (missions locales par ex.), et ils assistent à une première réunion d’information collective. Si le jeune est intéressé, il revient pour un entretien individuel au cours duquel nous vérifions sa motivation et sa capacité à s’engager dans un parcours professionnalisant. En effet, la formation à l’école c’est 30 heures de cours par semaine, il faut de la maturité !
Comment faites vous pour leur donner envie de s’intégrer ?
Ils ont surtout besoin de retrouver confiance en eux, et donc nous travaillons sur leurs qualités et sur leurs compétences dans toutes les disciplines afin de valoriser tous les progrès qu’ils vont faire. Nous avons aussi développé des partenariats avec des professionnels. Par exemple, ils ont pu bénéficier d’un accueil au FabLab du CCSTI de Grenoble. L’accès à la culture scientifique et technique fait partie aussi des stratégies pour leur redonner confiance en eux par la pratique d’activités ludiques et accessibles. Ces activités scientifiques sont une bonne façon de redonner à nos décrocheurs l’envie de s’intéresser à nouveau aux études car c’est très concret. Vous savez, certains peuvent être sortis du cursus scolaire classique avant la fin du collège. Il est donc important de dédramatiser tout ce qu’ils ont pu vivre avant et notamment leur échec dans les matières scientifiques.
Quelle formation leur proposez-vous ?
Ils sont d’abord accueillis pour un mois d’essai à l’école, période pendant laquelle ils suivent des cours de français, maths, informatique, un atelier de raisonnement logique et de résolution de problème. Le sport, le théâtre, la santé et la vie collective constituent également un enseignement à part entière avec des sorties en groupes, car les jeunes ont aussi besoin de réapprendre à vivre ensemble. Ils doivent aussi trouver des stages, car l’objectif est de les mettre rapidement en situation professionnelle. Ils feront ainsi un parcours en alternance entre leur travail dans l’entreprise et leurs cours à l’école sur une durée de 6 à 8 mois.
Chaque élève est suivi par un référent jusqu’à un an après son départ de l’école. Ils sortent avec une attestation de compétences accompagnée d’un portefeuille de compétences. En 2012, 53% des jeunes sont sortis avec un emploi ou une formation qui débouchera sur une qualification ou un diplôme et nous espérons rejoindre bientôt la moyenne nationale qui est de 58%.
>> Illustrations : Marion Sabourdy